jeudi 9 août 2007

Dessin de Marc G. #1

Le manifeste

Manifeste pas mal moins incomplet que le neuvième mais contenant beaucoup plus de citations que le huitième, celui-ci, bien que de retour au format 4 pages, plus incomplet que le septième qui était légèrement plus axé sur les grandes préoccupations sociales que le sixième, un peu plus long que le cinquième, celui-là étant beaucoup plus anti-progressiste que le quatrième, plus internettisé que le troisième qui était bien bien bien plus hystérique que le deuxième cependant plus internationalisé que le premier (si on ne compte pas celui écrit à la main qui n'était que temporaire) qui était la base de l'Association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée (AATGDIN-INC).



On ne nous demande jamais à nous, membres de l'association, pourquoi nous avons cette aversion profonde envers la tondeuse à gazon. Voici ce que nous ne répondons jamais.

La tondeuse à gazon recrée à la synthèse de l'univers, à savoir néant, paradoxe, bullshit (thèse, antithèse, foutaise.)

La tondeuse à gazon est le symbole capitaliste et banlieusard par excellence. Elle fait partie du package deal du american way of life avec le bungalow, le chien, les deux chars devant l'abri Tempo, le gros REER, la piscine et ses nombreux accessoires, les séjours au Nautilus du coin, les vacances en Floride, les flamands roses sur la pelouse, le patio et (encore) ses accessoires, le cabanon dans la cour contenant plusieurs de ces cochonneries et, accessoirement, la femme et les enfants.

La tondeuse représente l'idéal de la ville-dortoir où les enfants peuvent aller courir en toute sécurité dans le champ de poissons situé à deux pas de chez eux. La tondeuse, c'est la propriété privée incarnée. Elle rend glorieuse l'appropriation d'un tout petit espace vert et dénué d'intérêt. Parce qu'elle décrète l'appropriation de la terre par l'Homme, elle stimule l'individualisme; tout le monde sachant qu'il n'y a pas assez de gazon pour tout le monde.

Dans cette société où les dieux sont morts ou assassins, l'Homme, vidé de son sens, cherche à s'accrocher à toutes sortes d'inepties pour oublier qu'il patauge dans le néant. C'est pourquoi il est prêt à toutes les absurdités pour ne pas penser. C'est pourquoi il accepte de travailler ne serait-ce qu'une seconde pour pouvoir se payer un spécialiste en gazon qui sait quel gazon est bon et quel gazon ne l'est pas et qui fera croire à son client qu'il sera jalousé de ses voisins.

Le mouvement de l'association anti-tondeuse à gazon était, est et sera un éternel supporteur de la cause féministe. En effet, la tondeuse sert l'idéal machiste. Avez-vous déjà vu une femme, à moins qu'elle n'ait de dure moitié dodue la dorlotant doucement dominicalement, dondre, tondre, dis-je, son gazon? Un peu comme le BBQ, la tondeuse vient renforcer le sentiment que l'homme est maître de sa propriété et donc de sa destiné.

L'association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée n'épousera jamais les causes nationalistes puisque nous croyons fermement que le nationalisme doit s'appuyer sur la prétention de valoriser et protéger une kulture différente. Or la tondeuse puise ses racines dans la tradition anglo-saxonne. Nous croyons qu'un peuple qui a assimilé des moeurs si futiles, mineures et absurdes que sont ceux de la tondeuse à gazon est d'ores et déjà assimilé et c'est pourquoi nous ne parlons pas de kulture basque, corse ou québécoise mais bien de kulture de la tondeuse.

La tondeuse à gazon, c'est une représentation miniature de l'idéal de ceux qui visent à devenir de Grands Fourreurs, de ceux qui ont besoin de 500 pauvres pour exister. À qui profite le crime? Des sources sûres (des limes) nous ont démontré que c'est aux États-Unis que se fabrique le plus grand nombre de tondeuses à gazon.

L'AATGDIN-INC sera toujours un des piliers qui soutient la cause des Noirs (surtout ceux en plâtre pêchant dans le champ de poissons, sur les pelouses de banlieue).

"La tondeuse à gazon: entre deux pleins d'essence, elle pollue autant qu'une fourgonnette qui franchit 1 000 kilomètres". Tondre son gazon s'avère non seulement un geste futile mais aussi dommageable pour nos amis les bêtes qui sont souvent nos voisins.

Bien sûr, il reste toujours la possibilité de la tondeuse électrique, cependant: "L'inconvénient principal des tondeuses électriques est évidemment la manipulation du fil, qui exige une stratégie de tonte napoléonienne et des virages chorégraphiés."

Le refus de tondre son gazon est un geste hautement politique. Il entraîne en effet de sévères amendes administrées, n'ayons pas peur des mots, par une sombre police au service de l'idéologie de la tondeuse.

Tondre son gazon, c'est faire preuve d'un esprit grégaire malsain, c'est endosser le troupeau malgré tous les torts que ce troupeau fait subir au reste de la planète. Les tondeurs sont en effet du bois dont on fait les électeurs qui n'inquiéteront jamais les Moody's et autres Standard and Poor puisqu'ils n'affecteront jamais leur vision de société et les cotes de crédit qui en découlent.

Armée de son gros canon, le bungalow, la tondeuse envahit désormais la Chine telle la peste qui a jadis ravagé l'Occident. Où s'en va le monde? Il faut maintenant agir vite.

Question fondamentale: sommes-nous devenus tous fous pour payer pour de semblables paresses alors qu'il y a mieux à faire avec l'argent, genre se permettre de légaliser la prostitution?

Jadis glorieuse, car elle solutionnait bien des problèmes importants de la vie quotidienne, la science décadente s'incarne désormais dans la tondeuse à gazon comme le symbole d'une société égoïste qui a les yeux rivés sur son nombril (on parle de tondeuse rechargeables, de tondeuse solaire «sans les mains» ou si vous préférez, de tondeuse auto-propulsée et intelligente).

Chargée autrefois de régler les problèmes sociaux tels la grippe espagnole ou les communications entre les agglomérations, la science est désormais le jouet du capitalisme avancé. De la sorte, elle nous fait progresser vers le néant au lieu d'essayer de régler les problèmes de cette société sans objet (si ce n'est des coupes-ongles).

Comme le disent si bien les gens de langue anglaise: «Un oeuf is un oeuf!»

Nous refusons les valeurs prônées par la tondeuse à gazon et sa version hivernale, la souffleuse. Nous avons trop parlé de la couleur de la margarine et demandons que la société pose les vraies questions: KESSÉ CÉ ÇA?

Anti-tondeurs de tous les pays, unissez-vous.

Nous avons maintenant un genre de blog cheapo.

Bloc technique

1. Tout membre de l'association accepte les positions de celle-ci.

2. L'association propose deux législations:

-légiférer contre la tondeuse à gazon;

-légiférer pour que la drogue soit gratuite sans la légaliser.

3. Parce que, tous les quatre ans, le 29 février nous permet une journée de salaire de plus, l'association se propose d'ajouter un jour par mois en vue d'arrondir les fins de mois.

4. Tout membre de l'association peut décider d'une réunion.

5. Aucune réunion ne nécessite un appel à tous les membres.

6. Tout amendement à ce bloc peut être apporté s'il y a une majorité et si cette dernière s'en soucie.

7. Tout membre reconnaît devoir à l'association la somme de 1$ dans l'hypothèse où elle atteigne 10 000 membres pour permettre la contribution nécessaire à la présentation d'une candidature à une quelconque élection kekpart.

8. Tout membre doit se trouver un champ de recherche dans lequel il travaillera pour la plus grande gloire de l'Association (exemple existant: conseiller en matière de champ de poissons; inepteur en chef; superviseur de la porte d'en arrière; ministre de l'exagération, des laxatifs et cerbère des couteaux; etc.)

9. L'AATGDIN-INC n'a rien contre l'entretien du gazon des parcs, car il permet à tous ceux qui s'ennuient de brouter un peu en regardant une envolée de castors.

10. L'AATGDIN-INC est une association sans but.

11. En conséquence de l'article 10, l'AATGDIN-INC réclame un siège à l'ONU.

12. En conséquence, toujours, de l'article 10, et puisque pour exister elle ne peut que recruter en vue de grossir encore et toujours, l'association se réclame du capitalisme.

13. L'AATGDIN-INC prône le tapis de fleurs, la pelouse de fleurs qui ne pousse pas.

14. "Va donc faire un pique-nique sur le métropolitain" (Plume Latraverse) est l'hymne officiel de L'AATGDIN-INC.

15. Jugé par défaut et pour crime contre l'Humanité, l'association condamne Dieu à mort.

16. Afin de nuancer notre propos et de créer une ambivalence vis-à-vis de l'Histoire, l'association dira désormais: «La tondeuse à gazon si nécessaire, mais pas nécessairement la tondeuse à gazon».

17. À l'instar de la ville de Baden-Baden, sans doute plus connue grâce à son nom stupide que pour autre chose, nous re-baptiseront la ville de Laval, Laval-Laval et ça attirera sûrement plus de touriste que le camp spatial.

18. L'animal emblématique de l'association est la chimère.

19. Pour donner à notre communauté un air plus cool, l'Association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée (AATAGDIN-INC) s'engage à faire renommer la station du métro de Montréal "Place St-Henri" en station de métro "Place Melrose".



Pour devenir membre, laissez vos noms et fonctions dans la section «commentaires»

Dessin de Marc G. #2



L'anti-manifeste

Anti-manifeste moins imprécis que le deuxième qui fût moins démonstratif envers les minorités que le premier de l'Association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée (AATGDIN-INC).


(Au travers notre épuisable quête de nouveaux membres, plusieurs nous ont juré qu'ils allaient fonder l'anti-association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée... Sauf qu'aux dernières nouvelles, elle n'était toujours pas fondée. Alors, comme c'est moins drôle comme ça, on a pensé créer l'association promise.)


On ne nous demande jamais à nous, pro-tondeurs, pourquoi nous apprécions la tondeuse à gazon. Pour une raison bien simples: parce qu'il faut être complètement ahuri pour ne pas voir de quoi il en retourne.


La tondeuse à gazon représente tout ce que l'Homme peut espérer de mieux, à savoir: "J'veux pas l'savoir, j'veux pas l'voyr, parle-me-z'en pas".


Critiquer la tondeuse à gazon revient à critiquer la société, le gouvernement, l'ordre établi. Les anti-tondeurs sont tous des réactionnaires drogués, anarchistes, homosexuels, communistes et agnostiques. Comment peuvent-ils espérer avoir un avenir et mener une vie confortable s'ils ne se conforment pas?


Quand on a décidé de s'installer en banlieue, on voulait vivre dans un endroit où nos enfants peuvent aller courir en toute sécurité dans le parc à coté. Nous voulions passer nos week-ends bien assis sur notre patio et déguster nos steaks sans avoir le smog de la grande ville dont sont responsable en grande partie nos propres voitures. Nous voulions marcher pieds nus sur la pelouse sans risquer de se blesser ou d'attraper des maladies comme le SIDA.


Dans cette société où la violence devient omniprésente et où la pollution est devenue un phénomène troublant, il est bon de se réfugier en banlieue avec l'être aimé, loin des bombes des motards et du bruit des chars (pour la poésie profonde de la rime). La philosophie dite du cocooning que nous adoptons nous protège de cette société névrosée.


Avec la tondeuse, on se sent maître.


En tant que juste citoyen, nous nous devons de mettre un frein aux importations de races sur notre territoire. Il est grand temps que tous les purs se lèvent et crient bien fort: SACREZ-DONC VOT' CAMP CHEZ-VOUS, MA TABARNAK DE GANG D'INFÉRIEURS. ON EN A PU ASSEZ DE GAZON, RETOURNEZ MANGER VOS BANANES DANS VOT OSTIE DE PAYS DE CUL!


L'homme, et seulement l'homme, doit tondre le gazon car c'est ce qui lui donne ce petit teint bronzé qui fait frémir sa secrétaire. Comment une femme pourrait-elle tondre le gazon lorsqu'elle ne sait même pas programmer un vidéo ou conduire un char? Sa place est à la cuisine.


Comment refuser de tondre quand nous vivons au nord de cette contrée majestueuse qui nous montre la voie? Les États-Unis possèdent l'argent, le pouvoir, ils sont intelligents, beaux, blancs, peuvent se faire sucer sans que ce soit tromper leurs femmes et ils ont toujours raison.


S'ils tondent leur gazon, alors nous devons tondre le nôtre. Cela augmente de beaucoup la crédibilité de notre pays... même les chinois sont en train de se tourner vers la Vérité.


Avoir une tondeuse à gazon, c'est rendre à la science un vibrant hommage devant les exploits qu'elle répète quotidiennement.


Nous ne nions absolument pas que s'occuper à des tâches qui ne sont pas absolument essentielles peut empêcher de penser mais si on se mettait à discriminer toutes choses sur cette base, l'Homme ne serait pas encore sorti de sa caverne. Il est tellement nécessaire de ne pas penser que, de toute façon, si l'on ne s'empêche pas de penser grâce à la tondeuse, on le fera avec autre chose. Il est bien connu que si tout le monde se jette en bas du pont, alors nous sommes forcés de faire de même, mais on ne sait pas ce que cet argument vient faire ici.


Ce n'est pas parce que nous sommes les adversaires idéologiques des anti-tondeurs que nous sommes en désaccord avec tous leurs points de vue, bien au contraire. Nous savons aussi que derrière la plupart des politiciens, des avocats, du haut clergé et de toutes les autres instances du pouvoir et/ou de l'argent se cachent la corruption et le mal. Nous croyons simplement que le réflexe de l'autruche est le plus salutaire des instincts de conservation du bonheur.


Convaincus que nous mènerons une vie ordinaire, sans relief, terne, obscure, monotone, mais peut-être heureuse et peut-être aussi pour le restant de nos jours, nous voyons en la tondeuse le symbole de l'accomplissement de cet objectif.


Nous avons renoncé à une vie un tant soit peu excitante et voyons la tonte de notre gazon comme l'exutoire nécessaire, le petit plaisir hebdomadaire, à notre vie animée et sans cesse stressante dans ce monde de compétition qui ne profiterait, ne serait-ce de la tondeuse, qu'à une très petite minorité dont nous ne faisons pas partie.


Mais le fin mot de l'histoire, c'est peut-être que s'occuper de son gazon, ça le rend beau et élégant. Y a-t-il quelque chose à ajouter à l'argument de la beauté? Peut-être la délicieuse odeur du gazon frais coupé nous brouille-t-elle la tête et nous fais rêver à des paradis autrement inaccessibles? De toute manière, le refus de tondre son gazon entraîne des amendes.


La tondeuse nous permet de nous évader de nos petits problèmes quotidiens. Peut-être ne goûterons-nous pas la vie de star internationale mais nous compensons grâce à la tondeuse qui nous fais sentir, ne serait-ce qu'une fois dans notre vie, qu'on a réussi.


Et de toute façon, peut-on se sentir bien dans sa peau quand tous ses voisins présentent une pelouse immaculée alors que la nôtre est délabrée? Comment ne pas blêmir devant des gens qui dormiront à côté de nous la plus grande partie de notre vie tout en restant de parfaits étrangers? Peut-on bien se sentir face à des gens devant lesquels on n'est même pas assez à l'aise pour se justifier? Des gens qui vivent à quelques mètres de nous et à qui nous ne parlons (la timidité, sûrement) que lorsque c'est absolument nécessaire, par exemple: "pouvez-vous ramasser les journaux pendant mon absence, j'ai peur que des punks qui prennent du pot ne viennent me voler.". Il faut savoir respecter quelques dogmes sociaux, tout de même, pour pouvoir vivre socialement en toute quiétude. Le gazon, il faut le couper si on veut en jouir.


Et qui sont les anti-tondeurs, tout d'abord? Ça serait des homosexuels que ça ne m'étonnerait pas. Ce n'est pas surprenant de voir que c'est des gens comme ça qui font des choses pareilles. Un fefi, c'est quelqu'un qui se trempe la queue dans la marde, c'est pas surprenant que ça pogne pleins de bibittes pis qu'après ça les fait kapoter. Mais c'est pas une raison pour ne pas essayer de les soigner, ces gens-là.


Nous sommes convaincu que les anti-tondeurs sont des lâches qui ridiculisent notre nation en profitant de ces programmes sociaux faits pour les paresseux.


Nous en avons marre de voir que des individus se permettent de remettre toujours tout en question. Comme si on n'avait rien d'autre à faire. On devrait s'activer à FAIRE des choses pour régler les vrais problèmes plutôt que de toujours s'en inventer.


Nous réclamons la tête de nos adversaires idéologiques, les anti-tondeurs. Nous croyons fermement qu'il est grand temps que notre pays connaisse sa propre révolution culturelle et que roule la tête de ces parasites qui font pâtir la santé de ce pays en le critiquant grâce à de vaines élucubrations, au lieu d'agir pour lui. Nous nous écrions:

Pis cé sa kyé sa!


Pro-tondeurs de tous les pays, défendez-vous!


Nous partageons les mêmes coordonnées que nos opposants.

Photo prise où et quand?

Lettre aux membres

Retour au non-sens


Ayant récemment fait part de la possibilité d'un départ vers une autre (dés)organisation militante à notre co-président et auto-délégué aux sériosité et autres inepties, j'ai maintenant l'honneur de vous annoncer ma décision de demeurer au sein de cette désormais chère association anti-tondeuse à gazon. En effet, c'est au cours d'un bref entretien que j'avais mis notre co-président au courant de mes rapports avec l'organisation anti-souffleuse, laquelle me paraissait avoir une approche beaucoup plus radicale que la nôtre relativement aux actions préconisés afin d'anéantir cet autre fléau banlieusard. C'est en fait à la suite d'une troublante découverte que j'ai décidé de reprendre mes fonctions.


En effet, c'est en soulevant le couvre-plat d'au-dessus d'un quartier de roblochon de Chamonix que j'ai réalisé que le militantisme anti-souffleuse pouvait entraîner la coxarthrose. Pourquoi, me direz-vous? Eh bien tout simplement parce qu'au moment où l'odeur de ce produit fromagé est venue jusqu'à mes glandes olfactives, j'ai eu le souvenir très lointain de mon compagnons de chambre au pensionnat de Monfort-le-Rotrou, lequel sentait pour ainsi dire «les petits pieds». À cette époque, je faisais ma médecine dans ce patelin et étudiais plus précisément les différents types d'arthrose. Je me suis donc rappelé ce type d'affection chronique dégénérative des articulations que développaient les utilisateur du pousse-toc dans la région de la Rhur, plus précisément à Recklinghaussen. Choqué par la prise de conscience que provoquait ce souvenir, je contactai l'immaculé président de l'organisation anti-souffleurs sur-le-champ, afin de l'informer. Ledit président, fils de Joseph Pilsudski, fut abasourdi par la découverte que je venais de faire ainsi que pas le lien direct que je lui démontrai (???) entre la coxarthrose et l'utilisation des souffleuses à neige, par un exercice de réthorique digne des plus grands sophistes. Suite à cet entretien où très peu de choses intelligentes furent dites (cela va de soi), je décidai de tripatouiller ma chambreuse de la dextre et de m'éloigner à jamais de cette organisation indigne de mes capacités à déblatérer.


Voici donc le récit d'une prise de conscience qui, je l'espère, me redonnera l'estime des membres de l'association anti-tondeuses à gazon et tout particulièrement celle du co-président et délégué aux sériosités et autres inepties.


Chers membres merci et de grâce laissez les agoutis en paix!!!


Signé : Le Représentant du syndicat des herbes étrangères et non-orthodoxes et divorcé du membre suivant.

Dessin de Marc G. #3



Écouter ses poils et son prépu


La tondeuse à gazon est, doit-on le rappeler, beaucoup plus qu'un simple outil; elle est le fondement de la civilisation moderne. Cependant, il se trouve encore des personnes qui croient que l'association n'est qu'iconoclaste ne traite et ne propose rien.

Ainsi, il nous arrive souvent, lors de nos multiples tentatives de recrutement, de voir le visage de notre interlocuteur se décomposer et s'agiter de mille et un tics nerveux. En général, celui-ci voit un problème à notre argumentation et, après deux mille hésitations pendant lesquelles il tourne sa langue dans sa bouche le nombre réglementaire de fois, il demande, presque sûr de se faire regarder comme un enfant de trois ans: «Qu'est-ce que vous proposez, en remplacement de la tondeuse?» ajoutant souvent un pathétique: «Comment on va couper le gazon?»

Disons-le une bonne fois pour toutes: l'association anti-tondeuse à gazon domestique internationale non-incorporée ne propose rien en remplacement. Nous irions même jusqu'à dire que la tondeuse à gazon est irremplaçable. En effet, selon le petit Robert, le dogme est un «point de doctrine établi ou regardé comme une vérité fondamentale, incontestable».

Ainsi, à l'instar de la résurrection du Christ, la tondeuse à gazon est le centre de la religion de la société de (sur)consommation, de la représentation du bonheur propagée par l'utopie du bungalow: la tonte rituelle des petits phallus de la nature le renforce dans son sentiment de mâle dominateur et supérieur, asservisseur de la Pacha mama, la mère-terre.

Comme jadis il passait ces sentiments sur son esclave, qu'il n'a plus le droit de subordonner; comme autrefois il assouvait sa soif de pouvoir sur sa femme, dont on lui a dit qu'il ne devait plus prétendre adéquatement punir, l'Homme dompte désormais la pelouse, par ricochet la nature, et ce au moyen de la tondeuse à gazon.

On a déjà calculé que si la consommation d'électricité de tous les gens de la terre équivalait à la consommation d'électricité per capita des habitants de la ville de Los Angeles, nous aurions besoin de quatre planètes pour nous approvisionner en énergie. Malgré cela, l'Homme tond toujours aussi futilement son gazon en se disant encore (oh! paradoxe quand tu nous tiens!) qu'il dormirait bien si tous les habitants de la terre pouvaient vivre le bonheur comme lui et couper le gazon.

La tonte du gazon, c'est le potlatch énergétique de la société de (sur)consommation, la grand-messe solennelle de cette société égoïste où le grand prêtre procède à un sacrifice aussi rituel qu'hebdomadaire. L'homme est souvent encouragé par la voix de sa femme, de la même voix faveur-ordre que prenait sa mère pour trainer son père à la messe.

Retirer la tondeuse à gazon de ce décor équivaut à abolir la messe, donc la pratique religieuse, donc la représentation de l'esprit religieux. C'est enlever au mystique la pratique et donc abolir la religion. Abolir la tondeuse, c'est comme retirer l'Ostie de la messe. On ne peut, effectivement, imaginer ce que serait un bungalow sans tondeuse: c'est tout à fait inconcevable. Voilà pourquoi nous croyons que la tondeuse est un des éléments dogmatiques de l'american way of life.

Si l'association s'oppose au dogme de la religion de (sur)consommation, il faut d'évidence remplacer le trou béant que la disparition de ce dernier entraînera. Voilà pourquoi l'association propose une religion de remplacement beaucoup plus axée sur des principes de croissance personnelle (on est têteux ou on ne l'est pas).

L'association mise sur une spiritualité tournée vers l'Homme. S'opposant aussi catégoriquement à la religion de la tondeuse que le marquis de Sade s'est jadis opposé à la religion grâce à la nature, l'association propose un mysticisme rattaché au corps humain.


Ainsi la science que nous méprisons parfois nous a démontré que toutes les parties du corps humain sont utiles et ont leur raison d'être.

Soit.

Mais, dans ce cas, à quoi peuvent bien servir les artifices que sont le poil et le prépu? La réponse est toute simple, évidente, elle saute aux yeux, elle apparaît claire, nette et précise tel la vérité de la palissade ou d'une autre sorte du mur. C'est en d'autres termes une vérité incontournable:

Le prépu et le poil sont d'essence divine. Mieux: ils sont le dieu en nous.

Ceux qui se rasent, ceux qui se circoncissent, le font par incroyance païenne, parce qu'ils refusent d'admettre l'inconnu, tout ce que l'Homme porte d'existentiel. Il ne faut pas se tondre le corps ou se taillader l'engin.

Pour une raison très simple: il n'y a que l'Homme pour créer des choses inutiles comme la tondeuse à gazon. La nature est bien faite, disait un jour un agriculteur en érection regardant une de ses chèvres en chaleur. Et elle ne laisse rien au hasard.

Si la nature a créé le poil et le prépu, c'est tout simplement qu'elle en a fait le réceptacle de l'inconnu, de tout ce qu'on est trop con pour comprendre. Il ne faut surtout pas y attenter. Et surtout pas au moyen d'une tondeuse corporelle.

Certains suggèrent alors que si le prépu remplace désormais Jésus, alors le smegma devra nécessairement remplacer l'Ostie. C'est oublier cette parole merveilleuses de JFK: «Ne vous demandez pas ce que votre prépu pourrait faire pour vous, mais bien ce que vous pourriez faire pour votre prépu.» Lavez-le.

Une chose est certaine: si les Chinois sont nombreux, c'est parce qu'ils ont été les premiers à se laver régulièrement, donc à purger leur prépu du smegma. C'est parce qu'ils ont cajolé leur prépu et leurs poils qu'ils sont devenus si puissant. En effet, le prépu et le poil ne sont pas des ingrats, ils savent être bons pour ceux qui leur donnent l'attention qu'ils méritent.

Le smegma est tout ce que l'Homme peut contenir de mauvais, de vil, de diabolique, de corrompu.

Le smegma est l'excrément spirituel de l'Homme.

La nature est bien faite, disais-je, elle a donné à la femme le droit de porter la vie et à l'homme le droit de porter le prépu.

Rendons gloire au prépu et au poil, car ils n'existent pas pour rien. En l'absence d'explication valable de leur raison d'être (un peu comme les Anciens vénéraient volcans et éclairs comme des dieux), nous devons à notre tour vénérer poils et prépu comme étant responsable de tout ce qu'on ne peut pas comprendre.

Gloire au poil et prépu éternels!

Chanson

Jésus (choeur)

Tu n'as pas de prépu

Jésus

Ton gland, y'a rien dessus

Jésus


A la Pâques, t'aurais pas dû

Jésus

Jusque là t'étais l'bienvenue

Jésus

C'est quand on t'as vu tout nu

Jésus

On s'en est tout'suite aperçu

Jésus

Sur la croix tout l'monde l'a vu

Jésus

Jusque là t'étais un absolu

Jésus

C'pas parc'qu't'es parents t'ont mal conçu

Jésus

La grâce divine t'avais dans l'cul

Jésus

Elle t'as enl'vé cet attribut

Jésus

Il t'manquait toujours c'bout de tissus

Jésus

La circoncision est ta seule vertu

JÉsus, JÉsus, JÉsus

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mardi 2 mai 2006

Réponse à Denise Bombardier